«Etre communiste, c’est encore la façon la plus claire de déclarer une opposition irréductible à l’ordre marchand comme à l’ordre bureaucratique.».
In Penser Agir (2008) p. 40
«Dans
l’ordre de l’engagement, la seule question qui vaille d’être posée est
de savoir si l’ordre établi est humainement tolérable ou s’il est
nécessaire de le changer. ''Même si tu n’es pas sûr d’y parvenir, agis
en sorte que le nécessaire devienne possible'', telle pourrait être la
maxime laïque de la politique révolutionnaire.».
id. (2008) p. 53
«
D’ailleurs, lorsqu’on s’interroge sur l’actualité de la lutte des
classes, on met essentiellement en doute l’existence du « prolétariat »
ou d’une classe ouvrière. On ne semble guère se demander, en revanche,
si la bourgeoisie a disparu !».
Id. (2008) p. 61
« Les
révolutions ne sont pas réglées sur l’harmonie. Leur figure n’est pas
la concordance, mais la discordance des temps. Intempestives, elles
viennent toujours trop tôt et trop tard. ».
Id. (2008) p.75
« C’est le propre d’un évènement : les conséquences ne sont jamais déterminables à l’avance ! ».
Tout est encore possible (2010) p .19
« …la
politique n’est pas la traduction d’un récit historique écrit à
l’avance, elle est un moment de décision entre différentes possibilités
présentes dans une situation donnée.».
Tout est encore possible (2010) p.48-49
« La
''révolution permanente'' rassemble en une seule formule algébrique
trois registres temporels : celui du passage brusque de la révolution
démocratique à la révolution sociale ; celui du passage prolongé de la
révolution politique (changement du pouvoir) à la révolution culturelle
(transformation des mœurs) ; celui du passage de la révolution nationale
à la révolution mondiale.».
Le pari mélancolique (1997) p. 73
« Dans la crise révolutionnaire, plusieurs temps se mêlent et se combinent (..). L’art
du mot d’ordre est un art de la conjoncture. Telle consigne, valable
hier, ne l’est plus aujourd’hui, mais le redeviendra demain(…). Mais
qu’en est-il au juste de la crise ? Lénine n’en donne pas une définition précise. Il énumère plutôt ses conditions algébriques générales : quand ceux
d’en haut ne peuvent plus …; quand ceux d’en bas ne veulent plus… ;
quand ceux du milieu hésitent et peuvent basculer.. . Les trois
conditions sont indissociables et combinées. Il s’agit alors, non d’un
mouvement social qui s’approfondit, mais spécifiquement d’une crise de
la domination, une crise d’ensemble des rapports sociaux…».
Le pari mélancolique (1997) p.78-79
« La politique… conserve
une fonction d’orientation dans un jeu de possibles actualisables. Elle
a pour tâche d’inventer un futur sans fin prédéterminée, '' à portée de
présent''
Le pari mélancolique (1997) p.130
« Quand il faut, ni trop tôt ni trop tard. Dans la justesse de l’instant. ».
Le pari mélancolique (1997) p.164
«Les
lendemains, chantants ou non, ne sont pas prévisibles avec exactitude,
mais les tendances du présent déchiré, lacéré de contradictions et
blessé de sourdes menaces, ne sont pas pour autant inintelligibles et
indéchiffrables. Renoncer aux prédictions hasardeuses n’annule pas
l’impératif de changer l’ordre existant. Là où persiste le conflit,
demeure aussi le choix, la décision, le risque raisonné entre plusieurs
issues, et l’obligation inéluctable d’agir. ».
Le pari mélancolique (1997) p.296
« Pour
avancer, il faut savoir repartir en arrière. Reculer pour mieux sauter.
Remettre le passé en jeu.(…). Contre l’histoire toute faite, ''faite
d’avance'', délivrer le ''se faisant'' du ''tout fait'' (…), la
révolution est alors un ''pur présent sans mélange'', qui se tourne
vers le passé pout y déchiffrer les présages du possible. ».
Une lente impatience (2004) p.406-407
« Quand
les lignes stratégiques se brouillent ou s’effacent, il faut revenir à
l’essentiel : ce qui rend inacceptable le monde tel qu’il va et interdit
de se résigner à la force aveugle des choses. (…). C’est pourquoi le
monde reste à changer (..) ».
Id. (2004) p.445
« L’art
de la décision, du moment propice, de la bifurcation ouverte à
l’espérance, est un art stratégique du possible. Non le rêve d’une
possibilité abstraite, où tout ce qui n’est pas impossible serait
possible, mais l’art d’une possibilité déterminée par la situation
concrète : chaque situation étant singulière, l’instant de la décision
est toujours relatif à cette situation, ajusté au but à atteindre. (…)
la raison stratégique est l’art de la réponse appropriée. Elle ne domine
pas la situation. Elle ne la survole pas. Elle ne la surplombe pas.
Elle s’y enracine pour remettre en jeu les règles et les normes
établies.».
Les irréductibles théorèmes de la résistance à l’air du temps (2001) p.20
« Entre
lutte sociale et lutte politique, il n’y a ni muraille de Chine ni
cloison étanche. La politique surgit et s’invente dans le social, dans
l’énoncé de droits nouveaux qui transforment les victimes en sujets
actifs. »
Les irréductibles théorèmes de la résistance à l’air du temps (2001) p.23
« La
dialectique de l’émancipation n’est pas une marche inéluctable vers une
fin assurée : les aspirations et les attentes populaires sont diverse,
contradictoires, écartelées souvent entre une exigence de liberté et une
demande de sécurité. La fonction spécifique de la politique consiste à
les articuler et à les conjuguer à travers un devenir historique dont la
fin demeure incertaine. ».
Les irréductibles théorèmes de la résistance à l’air du temps (2001) p.24
« Les
classes (sociales) s’auto-produisent, suivant un procès de
cristallisation d’intérêts collectifs, d’une conscience de ces intérêts
et d’un langage pour les dire. Elles se situent au point de rencontre
entre un concept théorique et une énonciation née de la route. Le
sentiment d’appartenance de classe résulte d’un travail politique et
symbolique autant que d’une détermination sociologique. ».
Les irréductibles théorèmes de la résistance à l’air du temps (2001) p.32
« La
politique n’est ni une compétence particulière ni une science exacte.
(…) Elle n’obéit pas à une vérité autoritaire sans contradicteurs. ».
Les irréductibles théorèmes de la résistance à l’air du temps (2001) p.102 et 103
« Les portes d’une histoire ouverte battent sur des lendemains en friche. ».
La discordance des temps (1995) p.273
« Il
faut à l’évènement ce mélange d’enthousiasme et d’effroi qui atteste
une profonde blessure du temps, d’où s’envole soudain, dans l’éphémère
de l’instant, le prodige d’une pensée nouvelle. ».
La discordance des temps (1995) p.279
« Tu
n’as donc jamais remarqué qu’il faut le lire d’une traite, comme un
polar à suspens ? Car c’est un polar. Dès le premier chapitre un crime
et un vol ont été commis : on a volé la plus-value. On l’a cachée dans
la marchandise. Il faut revenir sur le lieu du crime, fouiller les
bas-fonds et les sous-sols de la production, y relever des indices.
Ensuite, suivre les traces du butin, qui circule, comme une valise
bourrée de dollars, comme une malle au trésor, qui se métamorphose,
passe de main en main, revient à la case départ, soulève des querelles
de partage entre marchands, industriels et financiers, qui tournent à la crise, à la rixe et au règlement de comptes… ».
* «le » désigne le Capital de K. Marx.
Moi, la Révolution (1989) p.40