Les mots sont dérisoires pour exprimer notre chagrin et nos pensées qui vont à sa compagne, Sophie.
Les mots, lui, Daniel savait les trouver pour exposer clairement une idée complexe, la rendant aussi imagée que son accent toulousain. Sa vie durant, Daniel fut un combattant, jusqu’au dernier jour, même face à la maladie qui le rongeait. Il humanisait le militantisme. Il avait soif de confronter et d’expliquer son point de vue. Il donnait envie de comprendre, et d’agir, encore et toujours, sur le monde injuste contre lequel nous nous révoltons. Avec lui, le marxisme devenait limpide, car il le rendait vivant, en constante remise en question, aux antipodes de tout dogmatisme. À contre-courant des idées triomphantes des années 1990, avec leur cortège de renoncements à gauche, et alors que les idées communistes, sans distinction, étaient mises en procès, Daniel a su défendre nos principes politiques. Grâce à sa pensée, nous avons pu nous revendiquer encore fièrement du communisme.
Daniel était tout-terrain. Il participait aux colloques, aux manifs, aux rassemblements internationaux, aux réunions de quartiers; il était aussi gourmand de discussions en tête-à-tête. Les yeux pétillants, il t’invitait alors dans son univers, celui des idées, des filiations historiques et des polémiques philosophiques contemporaines. Lorsqu’il devinait chez moi de l’incompréhension, alors il souriait, de son petit rire, puis il faisait semblant de passer à une autre idée pour me réexpliquer la même, mais différemment. Daniel était accessible parce qu’il était généreux. Même dans les derniers temps, il demandait d’abord des nouvelles des autres. Internationaliste, il détestait toutes les frontières: géographiques, celles qui séparent les mondes manuel et intellectuel ou éloignent les générations. Du coup, la différence d’âge n’avait pas d’importance entre nous. Sans nostalgie, Daniel a participé activement à la création du NPA, car il conjuguait son militantisme au présent. Lors de la dernière mobilisation universitaire, je me souviens de ses mots: « ça donne envie d’y croire». Tu nous as donné envie d’y croire, Daniel. Aujourd’hui, plus encore.