Nous sommes encore sous le choc. Trop, peut-être, pour nous imaginer que nous ne verrons plus Daniel et son sourire embarrassé, que nous ne pourrons plus entendre les accents de sa voix toulousaine.
De partout, de France comme du monde entier, les messages de sympathie, de tristesse et d’hommage nous parviennent. Daniel n’en reviendrait pas, il n’aurait pas aimé tant d’éloges… Et pourtant, ils affluent de tous les continents et de tous les milieux: révolutionnaires, syndicalistes, intellectuels, journalistes, artistes, militants et militantes du quotidien. Chacune et chacun se souvient d’un livre, d’une aide militante, d’un exposé, d’un sourire.
Allier la pratique à la théorie, il savait faire: passer du service d’ordre de la LCR à l’écriture de résolutions sur ses objectifs stratégiques pour un congrès, sans oublier un coup de chapeau à Walter Benjamin, un clin d’œil à Jeanne d’Arc, un coup de patte aux «nouveaux philosophes», un moment à la direction de la trésorerie ou la commission d’organisation de la Ligue, plus tard aux réunions de son comité NPA de quartier avant de préparer, quelques jours avant de nous quitter, le forum du 23 janvier sur le communisme organisé par la Société Louise-Michel.
J’ai oublié qu’entre temps, il avait écrit un livre de «vulgarisation» sur Marx… et qu’il avait fait un voyage au Brésil, pays dont il s’était occupé longtemps pour la Quatrième Internationale dont il était un des dirigeants.
C’était cela Daniel, un tourbillon, avec sa curiosité, sa gentillesse, son ironie, sa culture et sa simplicité. Il dévorait les livres et publications et pouvait écrire du plus simple au plus ardu avec, parfois, des notes bibliographiques qui laissaient pantois bon nombre de ses lecteurs.
Le plus jeune des «vieux» de la LCR par l’esprit avait été un fervent partisan de la construction du NPA. Avec son refus du dogmatisme et de la langue de bois, son écoute permanente des autres, mais aussi sa fermeté dans la défense des valeurs, il n’a rien lâché, ni rien abandonné de son enthousiasme révolutionnaire. Daniel nous rendait heureux, intelligents et confiants. Alors pas de larmes, on continue.